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La « pollution atmosphérique » : l’asphyxie lente et invisible de l’air

L'équipe Brumaire • 15 Feb 22

La « pollution atmosphérique » : l’asphyxie lente et invisible de l’air

En août dernier, la France a été condamnée à verser une amende de 10 millions d’euros en faveur des Amis de la Terre ainsi qu'à plusieurs organismes et associations engagés dans la lutte contre la pollution de l'air. Le Conseil d’Etat, porteur de cette décision, a jugé que le pays n’a pas pris les décisions nécessaires afin de limiter la pollution de l’air. Cette condamnation exceptionnelle ne fait pas l’unanimité, pourtant la pollution atmosphérique bat des records, notamment en zones urbaines.

Sans surprise, c’est la région parisienne qui détient la triste première place en France.  Selon l’OMS, c’est la vingtième ville la plus polluée au monde. A l’échelle du pays, elle est suivie de près par Marseille et Lyon. Les raisons de la pollution de l’air sont aussi diverses qu’il y a de villes polluées. Aujourd’hui, nous allons nous concentrer sur la pollution de l’air en zone urbaine, dont le constat demeure alarmant.

D’une part nous verrons ce que veut dire « pollution atmosphérique ». 

D’autre part, nous verrons la cause principale de pollution en zone urbaine (IDF): le trafic routier.

Nous analyserons ensuite son impact sur l’environnement, puis sur notre santé. 

De ces constats, nous nous demanderons comment agir afin de protéger l’environnement de la pollution. 

Enfin, nous vous proposerons des solutions afin de se protéger de l’environnement pollué.

 

Eléments de définition 

Avant toute chose, rappelons la définition de la pollution atmosphérique par la loi sur l’air et l’utilisation rationnelle de l’énergie, qui date de 1996. C’est « l’introduction par l’homme, directement ou indirectement, dans l’atmosphère et les espaces clos, de substances ayant des conséquences préjudiciables de nature à mettre en danger la santé humaine, à nuire aux ressources biologiques et aux écosystèmes, à influer sur les changements climatiques, à détériorer les biens matériels, à provoquer des nuisances olfactives excessives ».

On estime que l’air est pollué lorsque sa composition normale est modifiée par la concentration de substances nuisibles à notre santé et à l’environnement. 

Ces substances sont considérées comme des polluants parce qu’elles n’existent pas naturellement dans l’air ou du moins pas à une telle concentration.

Parmi ces polluants, nous retrouvons des gaz bien connus du grand public comme le monoxyde de carbone (CO) : c’est un gaz toxique, incolore, inodore, sans saveur et non irritant ce qui le rend imperceptible. Lorsqu'il se diffuse dans l’atmosphère, il forme avec l’air un mélange très toxique pour l’Homme. Même à faible quantité, il peut être à l’origine de maux de tête, de vertiges et d’une tendance au sommeil, fait qui précède l’intoxication.

Les oxydes d’azote (Nox) : c’est la famille du dioxyde d’azote (NO2). C’est un gaz visible et odorant facilement identifiable. Il est de couleur brune-rouge et est à l’origine de l’odeur que l’on retrouve dans les rues polluées par la circulation.

Le dioxyde de soufre (SO2) : c’est également un gaz qui peut se trouver sous forme liquide. Il est incolore mais dégage une odeur âcre et piquante. Combiné au dioxyde d’azote, il est responsable des pluies acides dont nous parlerons plus bas.

L’ozone (O3) : ce gaz se distingue par sa couleur bleutée très pâle. Son odeur est proche de celle de l’eau de Javel et il est très irritant.

Les polluants comptent également dans leur rang les particules solides, plus ou moins fines, dont l’origine est minérale, métallique ou organique. On parle majoritairement des particules PM10 et PM2,5. Le chiffre correspond à leur taille, les PM10 sont 4 fois plus grandes que les PM2,5 mais 10 fois plus petites qu’un cheveu.

 En région parisienne, les substances les plus problématiques sont le dioxyde d’azote, les particules et l’ozone.

Maintenant que nous savons un peu mieux en quoi consiste la pollution atmosphérique, il s’agit de comprendre ce qui la provoque.

Le trafic routier et la pollution de l’air en Île-de-France :

Nous pouvons désigner 4 grandes sources de rejets qui ne se limitent pas aux zones urbaines :

  • Les transports
  • Le secteur résidentiel et tertiaire (à cause du chauffage)
  • L’industrie 
  • L’agriculture, notamment à cause de la décomposition des engrais et la production d’ammoniac, ainsi que le brûlage des déchets verts. 

Ces sources majeures de rejet dépendent de la situation géographique. Si vous vivez en campagne près de champs cultivés mais loin des routes passantes, votre air sera pollué par l’agriculture et beaucoup moins par le trafic routier. 

Dans le cas de Paris, le trafic routier représente un enjeu majeur et prend communément la tête du classement des sources de rejets de polluants. En Île-de-France, on compte en moyenne 14,8 millions de déplacements quotidiens en voiture et 420 000 en deux-roues motorisés (La Parisien, 2018). Ce trafic représente par exemple deux tiers des oxydes d’azote rejetés dans l’air. Les véhicules diesel sont particulièrement en cause.

 

schéma émissions de NOx à Paris

 

Le trafic routier est également responsable de l’émission de 50% des particules fines PM10 et PM2,5, leur taux dans l’air est quasiment 2 fois supérieur à celui recommandé par l’OMS. Ce n’est pas tout, les véhicules émettent du monoxyde de carbone (CO), des composés organiques volatils et du benzène (composant du carburant) ...

Airparif, qui s’occupe de mener des études sur l’air en île de France, montre qu’à proximité des axes routiers, les niveaux moyens annuels des oxydes d’azote et de benzène peuvent être de 2 à 4 fois supérieurs à une situation de fond (Airparif 2009). Les oxydes d’azote dépassent donc largement la valeur limite annuelle de 40 µg/m3 imposée par la loi, pour arriver au double. 

Heureusement, la pollution de l’air est en diminution constante depuis 10 ans, grâce à notamment l’amélioration technologique de la motorisation des véhicules, l’interdiction des voitures et utilitaires diesel mis en circulation avant 2006, et 2009 pour les poids lourds, l’instauration de zones à faible émissions, la piétonisation, le passage récent à 30km au lieu de 50… 

Toutefois, certains polluants sont difficiles à ralentir. Les PM10 sont dues à la décomposition dans l’air des pneus, des freins, du carburant lorsqu’ils sont chauffés. Ce phénomène est inévitable mais peut être limité. 

Nous ne parlerions sans doute pas de tout ça si les effets de ces polluants dans l’environnement n’étaient pas aussi nocifs. Penchons-nous maintenant sur leurs effets sur notre environnement et sur notre santé. 

 

La pollution de l’air (et le trafic routier) sur l’environnement 

Selon le Ministère de la transition écologique et solidaire, le transport routier est responsable de 33% des émissions de CO₂ en France. Cela le classe en tête de toutes les sources d’émissions de CO₂. Parmi tous les types de transport ce sont bien les voitures particulières qui polluent le plus, devant les poids lourds et autobus ainsi que les véhicules utilitaires. 

L’excès de CO₂ a des conséquences terribles sur la planète. Il accentue la capacité de l’atmosphère à conserver la chaleur du soleil par effet de serre. L’effet de serre est d’abord un phénomène naturel, c’est un ensemble de gaz qui permet de chauffer la Terre en stockant la chaleur du Soleil en dessous. Toutefois, lorsque d’autres gaz qui ne sont pas invités s’incrustent à la fête (comme le CO₂), l’effet de serre change et cela influence la température sur la Terre. Ce changement de température dérègle alors la planète et nuit aux écosystèmes en place. C’est pourquoi on assiste à la fonte de la banquise par exemple…

La pluie acide désigne, comme son nom l’indique, une pluie anormalement acide dont le pH est inférieur à 5 (sachant qu’un pH neutre est de 7). Elle est due à la pollution atmosphérique, les gaz présents dans l’air se diluent dans les gouttes pour produire de l’acide. Les gaz concernés sont le dioxyde de soufre, les oxydes d’azotes (émis par les moteurs thermiques) et l’ammoniac. 

L’acidité est dangereuse pour l’environnement, elle touche particulièrement la flore. Elle tue certaines espèces, en fragilise d’autres et favorise l’apparition de nouvelles maladies… Les sols s’appauvrissent et l’eau est polluée. Cela a donc des conséquences sur la faune, les animaux, les insectes et surtout les poissons qui ont du mal à se nourrir et s’intoxiquent avec l’eau. Les pluies acides accélèrent également l’érosion du calcaire et la corrosion des métaux.

Le « smog » s’apparente à un mélange toxique de gaz (surtout l’ozone) et de particules. Il est principalement causé par le chauffage au bois et le trafic routier. Ce phénomène est observable en ville, il forme une sorte de brouillard épais qui diminue considérablement la visibilité. Sa présence détériore les végétaux et les structures, modifie le temps (hausse de la chaleur, baisse des chances de pluie). 

Cette liste, pourtant non exhaustive, nous montre à quel point l’activité humaine altère notre environnement, mais ce n’est pas tout, la pollution nuit grandement à notre santé. 

 

L’air : la condition à la vie qui pourtant nous empoisonne 

Pollution de l’air et santé ne font pas bon ménage. Les chiffres sont alarmants puisque l’OMS considère que  90% de la population urbaine mondiale ne respire pas un air sain. On estime que 7 millions de décès par an sont associés à la pollution de l’air (48 000 en France), et qu’elle provoquerait 35% des cancers du poumon, 34% des AVC et 27% des maladies cardiaques. 

Nous pouvons catégoriser les effets de la pollution sur le très court et long terme. 

Les effets immédiats s'apparentent à des irritations oculaires ou des voies respiratoires ou de la gorge, des crises d’asthme, une augmentation des troubles cardio-vasculaires et respiratoires pouvant conduire à une hospitalisation voire au décès. 

Les effets sur le long terme sont plus sournois, globalement la pollution augmente les risques d’être atteints de maladie respiratoires et cardiovasculaires, de cancers, de troubles neurologiques et/ou de développement… Les particules fines sont particulièrement cancérogènes et leur inhalation réduit l’espérance de vie de 8 à 2 mois. En France, on considère qu’elles sont à l’origine de 6% des décès prématurés et qu’elles sont émises à 50% par le trafic routier. 

La pollution n’est donc pas créatrice de maladie, elle accroît les chances d’en être atteint. Les personnes vulnérables ou sensibles sont plus enclines à traduire la respiration d’air pollué par des pathologies graves. 

Ces impacts réels sur la santé se traduisent également en dépense nationale, à titre informatif la Commission d’enquête du Sénat a annoncé que le coût de la pollution en France est compris entre 67 et 98 milliards d’euros (dépense en soins, prévention...). Il s’agirait donc de réagir afin de limiter la pollution qui nous empoisonne.  

Après avoir pris connaissance de ces faits il est temps pour nous, à notre échelle, d’adopter un comportement plus écolo. Nous vous proposons donc modestement quelques astuces. 

 

Protéger notre environnement 

Le trafic routier étant en cause comme source de pollution, nous allons évidemment vous parler des mobilités douces

Pour les petits trajets, il est préférable de choisir un moyen de locomotion qui ne pollue pas. Privilégiez donc le vélo, la marche, le roller, la trottinette, vous pouvez même vous mettre au skate ! mais prévoyez des protections… 

Pour les trajets plus longs, optez pour les mobilités durables ! Prenez le bus, le tramway, ou le funiculaire ? Attention aux stations de métro et particulièrement de RER. Une étude de l’association Respire datant de janvier 2021 a montré que l’air dans les stations de RER est dix fois plus pollué qu’en extérieur. Olivier Blond, président de l’association note que "La situation dans les stations de RER est particulièrement inquiétante : 500 microgrammes de particules fines par mètre cube, c'est ce que l'on trouve à Pékin ou New Delhi" (Europe 1). Effectivement, au freinage un RER émet un nombre important de particules fines et ultrafines nocives pour la santé. Afin d’éviter ce phénomène, il faudrait changer le système de freinage et mettre en place des aspirateurs à particules. Toutefois, soyons nuancés, voyager en métro c’est une empreinte carbone de 2.5g/km, la voiture thermique c’est 138g/km… 

Les mobilités durables, c’est aussi synonyme de partage : pensez au covoiturage, aux voitures partagées ou encore à la location. C’est économique et écologique ! Mais si cette contrainte vous pèse, il vous reste une solution pour rouler en restant écolo : l’électrique

Dans le meilleur des cas, les voitures électriques émettent en moyenne 80% de CO2 en moins que les voitures thermiques. Même en comptant la production d’une voiture électrique, l’empreinte carbone de celle-ci est nettement inférieure à celle d’une voiture thermique. En Europe, où le mixte énergétique est plutôt décarbonisé, une voiture électrique c’est entre 66% et 69% d’émissions en moins.

schéma baisse des émissions grâce aux véhicules électriques

Toutefois et malgré les aides de l’Etat, une voiture électrique a un coup important et encore faut-il pouvoir l’utiliser. 

A Paris et dans toutes les villes très urbanisées, beaucoup préfèrent le scooter à la voiture. Plus facile à garer, moins long à charger, plus maniable et moins coûteux. Les scooters électriques sont faits pour la ville et ont certains privilèges… Ils sont par exemple autorisés à rouler sur la voie bus et exemptés de la hausse du prix de parking. 

De manière plus drastique, il faudrait également revoir notre façon de nous déplacer à la source. Comme nous l’a démontré le confinement, le télétravail est un très bon moyen de limiter les voyages quotidiens. Par contre, acheter en ligne n’est pas toujours une bonne idée. Il est préférable de consommer local afin de diminuer son empreinte carbone en évitant les produits qui ont voyagé plus que nous. 

Nous pouvons donc tous, à notre façon, agir afin de limiter la pollution. Néanmoins la pollution ne cessera pas de nous nuire en deux jours, alors il faut s’en prémunir et essayer de se protéger. 

 

Se protéger de notre environnement 

Échapper à la pollution n’est pas chose aisée en zone urbaine. C’est pourquoi la mairie de Paris ou Strasbourg ont mis en place des « espaces de respiration ». Il s’agit de petites zones où la végétation fait loi. Nous sous estimons parfois les vertus de la nature, pourtant la végétation permet une meilleure circulation de l’air, rafraîchit la ville en cas de forte chaleur et elle a même le pouvoir d’absorber certains polluants ! Plus de végétaux c’est plus d’assainissement de l’air. La nature en ville est essentielle. 

Sinon vous pouvez évidemment vous diriger vers les parcs et les bois où le taux de pollution est inférieur au reste de la ville (Vincennes, Boulogne, lac Daumesnil…). Pour exercer des activités physiques, il est vivement recommandé de se rendre dans ces zones. Notre corps absorbe plus d’air lorsqu’il fait des efforts, alors autant opter pour un air moins pollué.

Néanmoins, nous ne pouvons pas échapper constamment à l’air pollué qui nous entoure ! Nous pouvons toutefois nous en protéger. Il existe des masques très efficaces pour filtrer l’air. Nous pouvons citer la marque R-PUR qui a développé un masque filtrant hermétique. Le filtre est composé de 8 couches filtrantes qui protègent du dioxyde d’azote, des particules fines (PM10, PM2.5, PM0.02) et nanoparticules. Plus largement, il filtre les gaz, les odeurs, les pollens, les particules, le diesel mais aussi, c’est tendance, les virus et les bactéries.

femme sur un scooter Brumaire portant un masque R-PUR

Plusieurs masques sont développés en fonction de vos besoins : pour le sport, la marche, en scooter… La gamme R-PUR nano est l’une des solutions de protection les plus efficaces au monde, cette technologie est brevetée et certifiée FFP3. Un tel filtrage ne serait rien sans une bonne herméticité. En effet, grâce à une mousse à mémoire de forme et un système d’attache ajustable, l’air non filtré ne pénétrera jamais votre masque et votre confort est assuré. Le petit plus, ils sont personnalisables, stylés et élégants !

 

Vous l’aurez compris, la pollution est un fait alarmant contre lequel il faut agir. Certaines de nos habitudes sont très dures à changer, mais pour les citadins, il existe des solutions de transports plus durables. Évidemment, lutter contre la pollution doit être un effort collectif, mené par une politique globale qui concerne également les entreprises, l’industrie… mais nous pouvons déjà participer à cet effort. Alors, rouler écolo, protégez-vous et n’oubliez pas de trier vos déchets !